"Pour moi, les échecs ne sont pas un jeu mais un art." Alexandre Alekhine

Le 23/10/2022 à 22:00

Auteur : Hugo

Victoire 2-1 contre Issy 1 en D1

C'est l'histoire d'un match que nous devions perdre par forfait, parce qu'il ne semblait intéresser personne, à part Karim. 
J'avais d'ailleurs bien imaginé mettre notre lider maximo seul dans l'arène contre 4 adversaires, mais pour une raison qui m'échappe, cette variante n'est pas autorisée par le règlement...

Il faut dire que  cette date du 22 octobre, un samedi ensoleillé de l'été indien qu'est devenu l'automne, et début des vacances de la Toussaint, était un encouragement à l'abstention. Chacun avait une bonne raison, que je ne conteste nullement, de ne pouvoir jouer.
Mercredi soir je rédigeai donc un projet de mail annonçant notre forfait, et puis je lançai sur le groupe dernier appel, n'y a-t-il personne pour éviter cette infamie ?

Alors l'impensable se produisit une voix, celle de Laurent,  perforat le silence : "je jouerai"

L'espoir changea de camp, si tu joues, s'il joue, si je joue alors nous jouerons ?

Nous battîmes en vain le ban et l'arrière ban des joueurs potentiels, étant meme prêts à recruter des anciens combattants de l'échiquier, voire même toute personne connaissant vaguement la marche des pièces d'échecs, mais nous pûmes écrire nos 3 noms sur la feuille de match, le minimum légal pour que la rencontre puisse se tenir.
Il y avait donc déjà un retard d'un point à compenser. 
Les parties commencèrent, comme d'habitude, les elos de nos adversaires étaient regroupés autour du seuil des 2000 comme les impacts d'un tireur d'élite autour de l'œil d'une cible à 50 m.

Laurent avait à sa disposition les blancs et son talent,  grace à ce dernier il empochat un pion, et prit l'ascendant sur son adversaire..
Karim avait les noirs, son statut incontesté de meilleur joueur du club, mais aussi, ce jour-là, un rhume carabiné qui l'amenait régulièrement à mettre un peu d'ambiance dans la monotonie un peu lassante de nos réflexions, à l'aide d'un clairon à piston habilement dissimulé, car je refuse de croire qu'il put émettre de tels sons stridents avec ses seules cavités nasales sous le prétexte de se moucher.

 Il me sembla, avec toutes les précautions d'usage, que son adversaire avait un avantage d'espace.

De mon côté, mon adversaire, qui me dominait du haut de ses 300.points zélos de différence, m'avait accueilli avec un sourire carnassier en me disant qu'il s'était bien préparé...
Je n'étais pas particulièrement inquiet, mes ambitions étant limitées à signer la feuille de partie, 

Etonnament, nous jouames une Najdorf, et à un moment ou un autre  il dût sortir de sa préparation, car au 17e coup il avait dépensé près d'une heure de son temps de réflexion, contre 5 minutes de mon côté, et encore, j'aurais pu tout jouer à tempo tellement j'étais en territoire connu.
Puis, il commit une erreur, se laissant enfermer son fou de cases noires, je n'en croyais pas mes yeux, me voyant potentiellement gagnant.

Mon adversaire, avec un certain panache, mais aussi l'expérience d'un joueur aguerri, sacrifia une 2e pièce contre 2 pions pour créer du contrejeu,  et il put jouer un échec au roi avec son fou de cases blanches  qui eut sur ma position un effet similaire au premier coup de trompette des armées de de Josue sur les murs de Jericho : pas un écroulement immédiat mais la prise de conscience brutale qu'il était quelque peu  prématuré de sabrer le champagne et que l'urgence était avant tout de survivre.

En consommant la quasi-totalité de mon avance au temps, je trouvai de bons coups de défense offensive, mais mon adversaire riposta, mon roi manquait terriblement de protection, je parvins à attaquer le sien et dans une position où le feu venait des 2 côtés de l'échiquier et où je sentais que j'utilisais mes dernières réserves de lucidité pour calculer correctement, je choisis de répéter la position, un mouvement que mon adversaire suivit.


Peu de temps après Karim qui avait retourné la position déroula avec précision une attaque létale qui nous permit de  revenir au score. 
J'eus le plaisir d'assister à la combinaison finale,  aussi esthétique qu'efficace (les noirs jouent et gagnent).


L'issue de la rencontre reposait donc sur la partie de Laurent, qui avait continué à mener sa barque avec maestria et toucha la terre inespérée de la victoire quelques minutes plus tard.

Pour les prochaines rencontres, je compte sur votre mobilisation ;-)

Le calendrier est disponible ici


Commentaires

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LaurentS le 24/10/2022 à 11:01

Quel bel article ! En plus, je ne savais pas que tu avais fait nulle, donc cette victoire d'équipe est une belle surprise !