Histoire du Cercle
Le Cercle Potemkine, fondé en 1926, a pour buts l'enseignement, la pratique et le développement du jeu d'échecs, notamment parmi les jeunes.
Le club rassemble des joueurs passionnés de tous les âges.
Les statuts de l'association ont été redéposés en 1983, puis modernisés en 2010.
Le règlement intérieur du club permet à tous les adhérents de vivre en harmonie et de profiter pleinement des activités mises en place.
Le club est affilié à la Fédération Française des Échecs (FFE).
Consultez également la Charte du Joueur d’Échecs (site FFE).
La Fédération Française des Échecs a été fondée le 19 Mars 1921 sous le régime de la loi du 1er Juillet 1901. La FFE est agréée depuis 1952 par le Ministère de l'Education Nationale. Elle est reconnue comme Fédération Sportive depuis Janvier 2000. Elle a pour but et pour mission de favoriser, de contrôler et de diriger la pratique du Jeu d’Échecs en France et sur tout le territoire national. Elle est représentée au niveau Régional par des Ligues (Ligue Île-de-France pour le Cercle Potemkine) et au niveau Départemental par des Comités (Comité des Échecs du 92 pour le Cercle Potemkine).
Histoire du Cercle
La Période 1921 - 1977, par Jacques Katlama (décembre 2002).
Le cercle Potemkine est un des plus anciens cercles d'échecs de la région parisienne. Il doit son nom à un joueur russe de bon niveau, bien connu en son temps dans les milieux échiquéens de Saint-Pétersbourg au début du siècle dernier. Suite à la révolution, il a émigré à Paris comme beaucoup de ses compatriotes, parmi ceux ci, il y avait de nombreux amateurs du noble jeu et il les recevait chez lui pour la pratique du jeu d'échecs à partir de 1921. A son décès en 1926, ses amis ont alors décidé de créer un cercle d'échecs portant son nom et le cercle se réunissait pour un certain temps au Conservatoire russe de Paris. (Note du webmaster : Le Fou du Roi est un autre Cercle d'Echecs parisien créé lui aussi dans les années 20).
Thaddée Lilienstern, vice-président du Cercle Potemkine.
A l'époque, les quelques cercles existants dans la région parisienne étaient situés essentiellement dans Paris même. Ils étaient installés presque toujours dans des cafés et des salles étaient mises à leur disposition. C'était d'ailleurs conforme aux habitudes du monde entier, le Café de la Régence par exemple, était célèbre dans le monde entier. Le Café de la Régence a disparu après la seconde guerre mondiale, ce que l'on peut regretter vivement, car il a été fréquenté par les plus grands joueurs de diverses époques comme Philidor, Deschapelles, Labourdonnais, mais également par des hommes célèbres comme Napoléon, Diderot et beaucoup d'autres.
Avec les noirs, Thaddée Lilienstern contre inconnu
Il faut dire que l'émigration russe a beaucoup apporté aux Echecs en France et particulièrement à Paris. Des Grands-Maîtres comme Alekhine, Bernstein, Tartacover ont non seulement joué en France mais ont aussi contribué au progrès des Echecs par leurs livres et leurs écrits. Il faut souligner le rôle très important joué par le Maître Znosko-Borovski par ses écrits à la portée de tous, par ses voyages en Province et par ses nombreuses parties simultanées un peu partout en France. On peut affirmer qu'il a pris une part importante dans le développement de cet art. Le Maître Baratz était aussi à l'époque un des meilleurs joueurs, sinon le meilleur à un moment donné, il était également sculpteur et a fait des travaux sur la sépulture d'Alekhine au cimetière de Montparnasse.
A. Alekhine, Champion du monde d’échecs de 1927 à 1935 et de 1937 à sa mort (1946).
L'influence d'Alekhine et de Voisin a été très importante pour la création de la Fédération mondiale des Echecs en 1924, date évidemment essentielle dans l'histoire du jeu d'échecs et à cette occasion un tournoi avait été organisé. Tous les grands joueurs cités auparavant ont bien sûr participé activement à la vie du cercle Potemkine. Znosko-Borovski, notamment, en a été d'ailleurs le secrétaire général inamovible.
On imagine facilement le plaisir qu'éprouvaient les amateurs à jouer dans l'équipe du cercle dont les premiers échiquiers étaient tenus par les Grands-Maîtres Bernstein et Tartacover quand ils étaient disponibles. Cette équipe gagna d'ailleurs le championnat de Paris des clubs.
Alekhine venait de temps en temps au cercle pour travailler à la rédaction de ses livres, et bien entendu, le cercle profitait du passage à Paris d'un homme aussi célèbre dans les Echecs. Le cercle l'invitait et lui demandait de consacrer un peu de temps pour faire des conférences et pour partager ses souvenirs.
Le Champion du monde Alekhine, photographié à l’hôtel Claridge à Paris lors d’une partie simultanée donnée contre trois cents adversaires sur soixante échiquiers. Ce tournoi a été organisé au profit des oeuvres de mutilés et d’anciens combattants (28 février 1932).
Le grand Emanuel Lasker - champion du monde pendant 29 ans - quittant l'Allemagne hitlérienne pour les Etats-Unis, et de passage à Paris, a fait à notre demande une conférence mémorable et d'un intérêt exceptionnel dans le lycée russe de Paris.
Nous pouvons également citer un Grand-Maître, que nous avions connu jeune et qui avait grandi sous nos yeux, Rossolimo, avant qu'il n'aille s'installer aux Etats-Unis, et avec lequel beaucoup d'entre nous avions l'occasion et le plaisir de jouer.
Le Grand-Maître Rossolimo
Je me rappelle souvent de la petite fête organisée à l'occasion du 10ème anniversaire de la création du cercle et du tournoi éclair organisé à cette occasion où participaient des joueurs amis comme Baratz, un des plus forts parisiens de l'époque, et surtout une jeune fille de grand talent, mademoiselle de Silans, devenue après la guerre, une des meilleures joueuses du monde - sinon en réalité la meilleure.
Il serait injuste cependant de ne parler que des célébrités échiquéennes. Les autres membres ordinaires méritent aussi que l'on dise quelques mots sur eux. Les plus âgés étaient souvent des hommes aux noms bien connus sinon même célèbres : familles anciennes ou hommes politiques ayant joué un rôle dans le passé plus ou moins lointain ou proche. Parmi les jeunes, certains ont eu une carrière réussie et même brillante en France en dehors du jeu des rois. Je citerais par exemple, le nom de Krasner, grand mathématicien, professeur à l'université de Clermont-Ferrand et de Paris. Il enseignait aux étudiants de troisième cycle, dirigeait la préparation de leur thèse de doctorat et était connu dans le monde entier par les spécialistes dans son domaine. Il faisait très souvent des conférences aux Etats-Unis, en Europe et au Canada. Je me rappelle une fois, qu'arrivant fatigué de Clermont-Ferrand pour jouer dans l'équipe du cercle, il s'endormait pendant que son adversaire réfléchissait et que l'on était obligé de le réveiller quand c'était à son tour de jouer. Voici un exemple de l'amitié qui régnait parmi le cercle, je citerais encore le nom de Krasner, il versait la cotisation d'un joueur installé définitivement au Venezuela pour qu'il fasse encore parti du cercle. Je citerai aussi le cas d'un artiste de talent, Vassilioff, peintre, dessinateur et sculpteur qui bien qu'installé aux Etats-Unis après la guerre, n'a jamais cessé de s'intéresser au cercle et de demander de ses nouvelles jusqu'à sa mort à 95 ans et bien entendu il nous rendait visite lors de ses voyages à Paris. Je me rappelle de l'un de nous, Georges Fuchs, mon camarade au lycée russe, bien que très occupé par sa vie professionnelle, jouait autrement en s'occupant de la création artistique, études et problèmes, et avait acquis une réputation internationale. Europe-Echecs d'ailleurs, lui avait consacré un grand article il y a quelques années comme auteur d'études, mais sa vraie spécialité était la composition de problèmes thématiques multi-coups. Il obtient le 1er prix lors d'un match France-Espagne de problèmes en deux coups.
Photographie prise le 2 juillet 1932 à l’occasion de la magnifique victoire remportée au championnat de Paris par le Club d’échecs russe Potemkine dans les 1ère et 2ème catégories. Sur le bord de la fenêtre, de gauche à droite : G. G. Pachoutine, S. S. Kilkhan, F. L. Lilienstern. Sur le banc : N. Rossolimo, Chkaff, Khourina, Strelnikoff, Khitrovo, E. A. Znosko-Borovski, Matoulovski, A. S. Rimski-Korsakoff, N. D. Chtcherbatcheff et Minelson. Dans la 1ère rangée : A. A. Khazoff, V. Voutsina, A. Dvigoubski, Khourguine, V. Halberstadt et J. B. Katlama.
Vint la guerre, l'activité du cercle fut suspendue et ne repris qu'au retour de la paix. Notre cercle qui avait déménagé maintes fois depuis sa création fut quelques fois très bien installé. Place de l'Hôtel de Ville par exemple, au sous-sol d'un grand café, où l'on s'attardait jusqu'au petit matin. J'ai connu des amateurs qui revenaient ensuite chez eux assez loin, à pieds, l'un d'eux jusqu'à Meudon.
Puis le cercle bénéficiait aussi de l'arrivée de nouveaux émigrants russes. Ces derniers ont beaucoup fait pour la réussite du cercle puis le cercle a été enrichi de plus en plus par l'apport de membres d'origine française.
Comment ne pas se rappeler que la fille d'un de nos membres, officier de la marine impériale, très apprécié et très bon joueur, affectée bien après à l'ambassade de France à Moscou devint l'épouse du 12ème champion du monde, Boris Spassky, devenu français depuis et que tous les joueurs connaissent et apprécient beaucoup.
Malheureusement, tout n'a pas été aussi glorieux, comme l'histoire assez triste de l'un de nos membres, Efron, et de sa femme Marina Tsvetaieva, considérée comme l'une des plus grandes poétesses russes du siècle dernier avec Anna Achmatova. Marina Tsvetaieva nous fut présentée par son mari à la conférence de Lasker au Conservatoire russe de Paris.
Le premier tournoi auquel j'ai pu assister, alors que j'étais lycéen, fut organisé en 1925 dans le pavillon vitré du Palais Royal, et fut gagné par Alekhine, qui n'était pas encore champion du monde.
Krasner, grand mathématicien, ses voyages, ses chats, ses livres, ses réceptions, les discours élogieux à ses obsèques. Au Colisée, la simultanée d'Alekhine sur 60 échiquiers avec 5 consultants sur chaque échiquier, notre cercle ayant fait Nulle.
Le cercle fut champion de Paris avant la guerre et également en 1976-1977 à son cinquantième anniversaire. J'ai connu le cercle rue de l'Assomption tout près du lycée russe de l'époque.
En 1976-1977, le cercle a remporté à nouveau la 1ère place au championnat de Paris Ile-de-France, le championnat individuel des jeunes remporté par Didier Chevallier et le championnat individuel de Paris remporté par Georges Nora. C'était vraiment une bonne façon de fêter le cinquantenaire du cercle.
Il faut aussi signaler les succès remportés par certains de ses membres dans le jeu par correspondance. Alexandre Khazoff, ingénieur de l'Ecole Nationale des Ponts et Chaussées et travaillant dans les colonies, était souvent empêché de jouer en France, a obtenu d'excellents résultats dans ce domaine en gagnant parties et tournois et encore davantage Eugène Savostianoff qui non seulement a obtenu de grands succès dans ce domaine mais qui a également joué plus d'une fois aux premiers échiquiers dans l'équipe de France et a obtenu le titre de Maître International par correspondance.
Section des lycéens du Cercle Potemkine ; 4ème à partir de la gauche, debout et mains jointes Khazoff. Alexandre Khazoff sortit ingénieur de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées.
Très fort joueur, Chkaff connaissait un très grand nombre de langues.
Bernstein me récita un soir pendant que je l'accompagnais chez lui la partie qu'il avait gagné en 1903 contre le grand joueur russe Tchigorine.
KRASNER - ANTONOV, Paris, 1949.
[Event "Paris, 1949"]
[Site "?"]
[Date "1949.??.??"]
[Round "?"]
[White "KRASNER"]
[Black "ANTONOV"]
[Result "1-0"]
[ECO "A02"]
[PlyCount "33"]
1. f4 e5 2. fxe5 d6 3. exd6 Bxd6 4. Nf3 g5 5. d4 g4 6. Ng5 f5 7. e4 Be7 8. Nh3 gxh3 9. Qh5+ Kf8 10. Bc4 Bb4+ 11. c3 Qe7 12. O-O b5 13. Bxg8 Kxg8 14. Rf3 Qxe4 15. Rg3+ Kf8 16. Bh6+ Ke7 17. Re3 1-0
Quelques éléments complémentaires sur le site mjae.com
ADDENDUM, Lettre de Marc Quenehen, Président du Cercle Potemkine (2005).
C'est dans une grande tristesse que Georges m'apprend le décès de M. Savostianoff, accompagnée d'une grande déception de n'avoir pas eu le temps de le rencontrer une fois encore. J'ai envie de faire partager aux jeunes de notre club d'échecs ce que j'ai pu apprendre de M. Savostianoff et je vais donc vous narrer notre première et ultime rencontre : Georges Hirschmann, désormais dernier joueur russe de notre cercle, en relation avec toutes les générations échiquéennes du club Potemkine (-6 ans à +94 ans) organisa une entrevue avec M. Savostianoff qui m'invita à prendre le thé chez lui. Bien qu'affaiblit par la maladie et l'âge, l'homme qui m'accueillit avait une grande prestance et un charme certain. Autour d'un thé aromatisé et de macarons aux noisettes, nous parlâmes de notre club d'échecs et j'écoutais avec une grande fascination cet ancien qui avait connu les balbutiements de Potemkine. J'étais émerveillé d'écouter et de réentendre les carrières des joueurs qui ont marqué l'histoire de notre cercle. Très vite cependant la discussion s'orienta vers l'histoire du 20ème siècle que ce "russe blanc" avait traversé. La révolution russe, l'exil, les guerres mondiales, l'occupation, la reconstruction... D'une voix chargée de l'effluve du temps, M. Savostianoff m'expliquait que son arrière-grand-père, le général Savostianoff, avait combattu L'empereur Napoléon, aux côtés du maréchal Koutozoff, vainqueur stratégique de la campagne de Russie... La compagne de M. Savostianoff, d'un sourire franc et éclatant, nous reproposa du thé et la conversation se dirigea de nouveau vers notre jeu millénaire : M. Savostianoff, titré Maître International du jeu d'échecs par correspondance, me récita ses plus belles parties d'une passion de joueur encore intacte. A ma question sur un éventuel retour même éphémère dans nos locaux, le visage de M. Savostianoff s'assombrit nostalgiquement et il me révéla qu'il se sentait d'un autre monde, d'une autre époque... Après l'exil qui suivit la défaite contre les communistes, les "russes blancs" , fondateurs de notre club d'échecs qui porte le nom d'un des leurs, étaient en tout point commun avec une belle boule de neige exposée au souffle d'un vent chaud. Ils se savaient être eux-mêmes le dernier chapitre d'un passage de l'histoire et après les décès de Mrs Katlama l'année dernière et de M. Savostianoff aujourd'hui, nous en lisons les dernières pages... Nommé cette année président de Potemkine et en discutant avec d'anciens joueurs qui avaient fréquenté notre cercle à d'autres moments, j'ai longuement songé à ce que nous pouvions faire perdurer de ceux qui ont crées le club. Je fus marqué de leur grande érudition et éducation mais aussi de leur objectivité échiquéenne ainsi que leurs paroles toujours valorisantes pour l'adversaire dans la victoire comme dans la défaite. Dans la droite ligne de pensée de notre directeur jeune Fabrice Moracchini, nous axerons donc notre pédagogie sur le respect de l'adversaire. Nul doute que M. Savostianoff a retrouvé ses compagnons de jeu et que d'ores et déjà quelques belles parties se sont déroulées.
ADDENDUM, Extrait du discours de fin d'année d'Olivier Fontaine, Président du Cercle Potemkine (2011).
Quizz historique du club
1921 : Naissance de la Fédération Française des Echecs (19 mars). M Potemkine (immigré russe, originaire de Saint-Pétersbourg) reçoit chez lui à Paris ses compatriotes pour jouer aux Echecs.
1924 : Naissance à Paris de la Fédération Internationale du Jeu d'Echecs (20 juillet).
1926 : Décés de M Potemkine, le Cercle Potemkine est alors officiellement créé à Paris par ses amis. (A l'époque on parle plus de "cercles" d'échecs que de "clubs" et ce mot désué est resté). Le Cercle est membre de la FFE. Le Cercle a l'habitude de se réunir dans des cafés et au Conservatoire russe de Paris.
1970 : Victoire en Critérium Dame.
1988 : Le Cercle traverse le périphérique et arrive à Levallois dans le restaurant russe "Yolka" sous l'impulsion du président de l'époque Georges Hirschmann et propriétaire du restaurant.
1993 : Le Cercle, appuyé par la municipalité de Levallois, intègre des locaux associatifs. Le club déménagera plusieurs fois et passera par L'Escale puis La Maison des Associations.
1999 : Le Cercle embauche un entraineur, Fabrice Moracchini, pour s'occuper des enfants, qui jusqu'alors étaient gérés par des bénévoles, sous l'impulsion du président de l'époque Jean Cabestany. Les enfants jouent alors en Nationale 4 ou 3 Jeunes. Aurélien Ecalle, notre secrétaire adjoint, est un rescapé de cette génération d'enfants.
2007 : Inscription d'une équipe en Nationale 4 Jeunes, équipe qui ira très loin... L'équipe est coachée par Marc Quenehen, jeunes entraineur, qui occupe alors aussi la fonction de Président.
2010 : Le club accède à la première division Jeunes, le Top-Jeunes (16 meilleurs équipes jeunes en France). Désormais 3 entraineurs forment et accompagnent plus de 80 jeunes. Une 2ème équipe jeunes est lancée. Les adultes jouent en Nationale 3, Nationale 4 ou Nationale 5.